Comment un jeune homme peut-il se volatiliser en plein centre-ville d'Orléans, sous l'œil de dizaines de caméras ? Cette douloureuse question a surgi en janvier 2013 après la disparition de Maxime Juillet. Elle se répète aujourd'hui avec celle de Clément Dechaeane, un étudiant dont on est sans nouvelles depuis le 11 novembre.
Loin des polémiques qui ont longtemps agité le conseil municipal d'Orléans sur la question des libertés publiques, la vidéosurveillance a gagné la bataille des idées. Revers de la médaille : on s'étonne qu'elle laisse encore des drames sans réponse. Tentative d'explications.
1 Combien y a-t-il de caméras ?
La ville d'Orléans compte à ce jour 204 caméras dont les images sont accessibles, en temps réel, au CSO (centre de sécurité orléanais) : 7 jours\7, 24 heures\24, trois pools de quatre opérateurs – non pas des policiers mais des agents administratifs assermentés – se relaient derrière les écrans pour contrôler ce qui se passe. La ville peut également compter sur les caméras du centre commercial Place d'Arc et du réseau Keolis (arrêts de tram, bus) auxquelles elle peut avoir accès, sur demande.Contrairement à une légende urbaine tenace, la mairie d'Orléans assure qu'aucune caméra installée en ville n'est factice. Les appareils sont tous en état de marche et les dégradations restent rares (une vingtaine de caméras mises provisoirement hors service en 15 ans).
2 Comment fonctionnent les caméras ?
Les caméras, installées le plus souvent en hauteur, peuvent pivoter à 360°. Leur rythme de rotation est programmé (toutes les 2, 3, 5 secondes, etc.) en fonction de points précis à surveiller dans leur périmètre (un distributeur de billets, une sortie d'école, etc.). À tout moment, les opérateurs du CSO peuvent prendre la main et mettre fin à cette rotation automatique, par exemple pour zoomer sur un point précis. Encore faut-il que quelque chose attire leur œil et donc, en cas d'incident, que la caméra soit braquée au bon endroit, au bon moment. Le problème se pose aussi au moment de visionner les images enregistrées.3 Comment la vidéosurveillance aide les enquêteurs ?
Les images diffusées en temps réel au CSO sont également enregistrées. Elles sont stockées pendant 14 jours. « Nous avons l'impossibilité de les effacer. C'est le serveur qui le fait automatiquement », explique Nicolas Benoît, patron du CSO. Sur réquisitions d'un officier de police judiciaire, les images peuvent être extraites et confiées à la gendarmerie ou à la police nationale dans le cadre d'une enquête. L'an dernier, environ 2.000 heures d'images ont ainsi été extraites pour un total de 250 affaires. Mais la caméra reste un outil, pas une baguette magique. « On peut très bien avoir un véhicule suspect sur une image, la caméra pivote et quand elle revient à son point de départ le véhicule a disparu », explique Isabelle Prouteau, adjointe au chef de la police municipale. Suivre, a posteriori, un homme, ou une silhouette, sans jamais le perdre de vue sur plusieurs centaines de mètres reste donc un exercice aléatoire.4 La qualité des images est-elle un problème ?
La qualité des images des caméras d'ancienne génération pouvait laisser à désirer – en particulier la nuit. Ce n'est plus le cas avec les caméras Full HD, dont le coût d'installation oscille entre 3.000 et 5.000 €. Progressivement, Orléans modernise son parc et poursuit le maillage de la ville. « On ne pourrait plus travailler sans, résume Pascal Désuert, chef de la police municipale. Quand on arrive sur une intervention, ça permet à nos patrouilles de savoir combien d'individus sont sur place, si untel est armé. C'est une aide à la prise de décision, on peut tout de suite envoyer les moyens en conséquence. » Le « soutien Charly » est également systématiquement activé sur les manifestations brassant une foule nombreuse comme le marché de Noël ou le Festival de Loire.La Cnil (Commission nationale informatique et libertés) effectue régulièrement des contrôles inopinés pour vérifier que la ville utilise ces images dans le cadre définit par la loi. Un floutage dynamique garantit notamment que les caméras ne puissent pas s'immiscer dans les lieux privés.
source : www.larep.fr
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